Article

Une nouvelle approche visant à protéger nos eaux douces

Une vaste étude sur les milieux aquatiques de l’est de l’Ontario conjuguera les savoirs autochtones et occidentaux en vue de trouver de meilleurs moyens de protéger les habitats et les espèces d’eaux douces du Canada
Par
Monique Roy
Établissement(s)
Queen's University
Province(s)
Ontario
Sujet(s)
Nature
Écologie
Un oiseau au long bec rougeâtre et au plumage brun moucheté patauge dans des eaux marécageuses.

La pression exercée sur nos ressources en eau douce a pris une ampleur considérable. En effet, la biodiversité de nos lacs et de nos cours d’eau a chuté de plus de 80 pour cent à l’échelle mondiale au cours des 40 dernières années. Compte tenu de l’accélération des répercussions liées aux changements climatiques et aux espèces envahissantes sur les écosystèmes aquatiques, il est urgent d’améliorer la surveillance de l’eau douce, explique Stephen Lougheed, titulaire de la chaire de la famille Baillie en biologie de la conservation à l’Université Queen's (en anglais seulement). Fort du cinquième des réserves d’eau douce de la planète, le Canada s’intéresse naturellement à la protection de cette précieuse ressource et endosse une responsabilité internationale à cet égard. Or, sa stratégie s’est révélée insuffisante jusqu’à présent, estime le chercheur.

Un nouveau centre de recherche sur la conservation, financé par le Fonds d’innovation de la Fondation canadienne pour l'innovation, contribuera à combler cette lacune. Dirigé par Stephen Lougheed, l’Observatoire de l’environnement et des changements climatiques de l’Ontario (ECCO-Ontario) étudiera la biodiversité aquatique dans l’est de la province, notamment dans le haut Saint-Laurent, une région particulièrement touchée par les changements climatiques. Cette installation sera dotée de stations climatiques et de drones permettant la surveillance des changements environnementaux en temps réel. Elle comprendra aussi des microscopes spécialisés capables de mesurer la réaction des caractères observables d’une cellule ou d’un organisme entier par rapport à divers agresseurs environnementaux. Elle disposera également de laboratoires de biologie moléculaire destinés à approfondir notre compréhension de la base génétique sous-jacente à l’adaptation des espèces aquatiques.

Le projet de recherche interdisciplinaire ECCO-Ontario vise à étayer les efforts déployés par le Canada en vue d’atteindre les objectifs de développement durable des Nations unies en matière d’eau propre et de lutte contre les changements climatiques.

Ce nouveau financement permettra également de mettre en place un centre de savoirs autochtones où des sages, des dépositaires des savoirs ancestraux et des scientifiques des pays occidentaux pourront discuter de la recherche, planifier sa mise en œuvre et formuler des recommandations en matière de gestion durable des milieux aquatiques.

Vue aérienne d’une embarcation nautique amarrée à un radeau flottant sur un lac scintillant, à proximité d’un rivage recouvert d’une forêt verdoyante.

Selon Stephen Lougheed, les savoirs autochtones relatifs à l’écologie et aux pratiques de gestion des terres et des eaux jouent un rôle essentiel dans l’avancement de la recherche en matière de conservation. « Les communautés autochtones possèdent un savoir ancestral approfondi des ressources naturelles que nous devons intégrer à notre approche de gestion afin de réussir à relever les défis environnementaux qui se posent », ajoute-t-il.

Au cœur du projet ECCO-Ontario se trouve un partenariat de recherche réunissant, entre autres, l’Institut de la rivière, à Cornwall, en Ontario, le programme environnemental du Conseil des Mohawks d’Akwesasne et l’Institut technique des Premières nations sur le territoire mohawk de Tyendinaga. Des partenaires autochtones et non autochtones collaboreront ainsi en vue d’étudier, notamment, les changements historiques survenus dans les écosystèmes de l’Ontario et de mesurer l’incidence des agresseurs environnementaux sur les systèmes lacustres et fluviaux, tels que l’accroissement de la population humaine, la culture intensive et les polluants.

« Ce projet nous offre l’occasion de renforcer et d’approfondir nos relations avec les communautés autochtones locales, ce qui constituera un précieux legs pour l’avenir », affirme le chercheur.

Bannière verte promouvant la campagne "Prêts pour un monde en mutation" de la FCI.

Retour à la page « Le pouvoir de changer les choses »