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Une entreprise pionnière transforme les balles de café… en café!

Avec l’aide d’un laboratoire de l’Université de Guelph, une petite entreprise du Sud de l’Ontario trouve des débouchés pour des déchets agricoles
Établissement(s)
University of Guelph
Province(s)
Ontario
Sujet(s)
Génie chimique
Trois petits tas de grains de café, de marc de café et de dosettes de café sur un fond blanc

Toutes les dosettes de café vendues au Canada par deux grandes marques sont fabriquées en Ontario et sont entièrement compostables.

C’est grâce à un partenariat novateur entre Competitive Green Technologies (CGTech) de Leamington, en Ontario, et le Centre de développement et de découverte de bioproduits (BDDC) de l’Université de Guelph.

En collaboration avec le directeur du centre, Amar Mohanty, le PDG de CGTech, Atul Bali, a mis au point une résine compostable fabriquée en partie de balles de café biodégradables (une balle étant l’enveloppe du grain qui autrement serait mise au rebut). Il l’a utilisée pour fabriquer des dosettes de café à un prix comparable à celui des dosettes produites à partir de plastique à base de pétrole.

« Le client nous a présenté le premier énoncé de problème par un après-midi froid de janvier 2015 : « Nous voulons une résine compostable. Pouvez-vous nous fabriquer quelque chose de significatif, dont le prix serait compétitif? », se souvient M. Bali. « La première capsule a été mise sur les tablettes des épiceries en novembre 2015. Je ne serais jamais parvenu à innover si rapidement sans l’université ».

Les déchets offrent des possibilités

Ingénieur de formation, M. Bali a fondé Competitive Green Technologies parce qu’il souhaitait réduire notre dépendance vis-à-vis des produits pétrochimiques polluants fabriqués à base de combustibles fossiles, et faire évoluer le monde vers des produits biodégradables. Il s’est rendu compte que des changements importants à grande échelle ne seraient possibles que si les bioplastiques pouvaient être produits au même prix, voire à prix inférieurs à ceux des plastiques issus de combustibles fossiles. L’utilisation des déchets agricoles semblait être une solution pratique et économique.

« Nous sommes partis de l’hypothèse qu’il n’existe pas de déchets. Les déchets ne sont qu’un produit à la recherche d’une utilité », dit-il.

Il a créé son entreprise à Leamington pour tirer parti des atouts du Sud de l’Ontario, qui est un centre manufacturier et une région agricole de premier plan. Rapidement, M. Mohanty et lui ont commencé à expérimenter la fabrication de résines plastiques à partir de déchets agricoles, en utilisant les mélangeurs, les extrudeuses et les installations d’essai du Centre de développement et de découverte de bioproduits financés par la FCI.

Les applications vont du café aux voitures

Leur première entreprise commerciale a consisté à créer des pots de fleurs en bioplastique et des bacs de rangement pour les garages d’une grande chaîne de quincaillerie. Au fur et à mesure que l’entreprise s’est développée, M. Bali a acquis les machines pour fabriquer sa résine bioplastique sur place, puis il a ajouté l’équipement nécessaire à la fabrication de dosettes de café. Sa société emploie actuellement 17 personnes, produit 1,2 million de dosettes de café par jour et prévoit exporter ses produits en Europe et en Californie dans l’année à venir.

Plus récemment, CGTech a travaillé avec le BDDC pour commercialiser une résine biocomposite qui peut être ajoutée aux plastiques à base de combustibles fossiles afin d’en augmenter la résistance tout en en réduisant le poids – des qualités importantes pour les pièces automobiles en plastique, comme les boîtiers de phares. À partir d’avril 2019, la résine biocomposite est incorporée dans des pièces automobiles fabriquées dans le Sud de l’Ontario.

« Pour moi, l’innovation n’est pas l’incessante poursuite de perfectionnements sans intérêt, déclare M. Bali. La véritable innovation consiste à trouver un vrai client qui a un vrai problème, qui veut une solution en temps réel et qui soit compétitive, durable et exploitable à l’échelle mondiale. Et c’est le rêve qui continue de nous animer. »