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Rendre l’imagerie médicale plus accessible grâce à de meilleures molécules

Des chercheurs et une entreprise californienne développent ensemble de nouvelles techniques d’imagerie moins chères et plus faciles à fabriquer
Par
Olivia Carey
Établissement(s)
Université McGill
Province(s)
Québec
Sujet(s)
Chimie organique
Une vue du sommet de la tête d’une femme à travers le cylindre d’un appareil d’imagerie médicale

L’imagerie médicale repose souvent sur des substances radioactives, mais celles-ci peuvent être coûteuses et présentent des défis de nature logistique ainsi qu’en terme de disponibilité. Une collaboration de recherche entre la société californienne Fuzionaire Diagnostics (Fuzionaire Dx) et l’Université McGill vise à trouver des options qui rendront les appareils d’imagerie médicale plus accessibles et capables de diagnostiquer un plus grand nombre de maladies.

L’idée a vu le jour lorsqu’Anton Toutov, directeur scientifique de Fuzionaire Dx, a contribué à une découverte importante vers la fin de son doctorat à l’Institut de technologie de Californie à Pasadena.

Sous la direction du Prix Nobel Robert Grubbs, Anton Toutov et ses collègues étudiants ont découvert qu’ils pouvaient utiliser le potassium, un métal alcalin vert abondant, pour déclencher des réactions chimiques.

« Notre catalyseur a l’avantage de fonctionner à des températures inférieures et d’utiliser des matériaux plus accessibles pour déclencher certaines réactions chimiques », explique Anton Toutov, ce qui en fait une option moins coûteuse et plus durable.

Une de ces réactions a permis aux scientifiques de créer des molécules contenant du silicium, dont les propriétés en font des candidates de choix pour diagnostiquer des maladies et concevoir des médicaments.

Anton Toutov a fondé Fuzionaire Dx pour transposer la technologie brevetée au domaine de la tomographie par émission de positons (TEP), un important outil de diagnostic du cancer, des troubles cérébraux et des maladies cardiovasculaires.

Du silicium pour illuminer le cerveau

Pour aider à matérialiser cette vision, Anton Toutov s’est tourné en 2019 vers Jean-Philip Lumb, bénéficiaire de financement de la FCI et professeur agrégé au Département de chimie de l’Université McGill, et Alexey Kostikov, professeur agrégé à l’Institut neurologique de Montréal.

L’imagerie TEP repose généralement sur l’injection d’un médicament radioactif, appelé traceur, qui se fixe à différents types de molécules de l’organisme. Une concentration du traceur pourrait indiquer la présence d’une maladie, par exemple une tumeur cancéreuse ou un état neurodégénératif comme la maladie d’Alzheimer ou la maladie de Parkinson. Mais, même les traceurs les plus utilisés sont limités quant à ce qu’ils peuvent détecter et en raison de la difficulté de les produire.

Fuzionaire Dx et ses partenaires de recherche développent une catégorie de traceurs à base de silicium qui cibleraient plus précisément un certain groupe de troubles de santé et pourraient être fabriqués plus efficacement.

Une nouvelle approche pour accroître la précision de l’imagerie

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« Ce que nous voulons, ce sont des molécules qui ne touchent aucune autre partie du corps à l’exception de la cible, explique Jean-Philip Lumb. On ne peut pas ouvrir le cerveau de quelqu’un, aller fouiller dedans et tout remettre ensemble par la suite. On a donc vraiment besoin de technologies d’imagerie qui permettent d’examiner l’intérieur du cerveau d’une manière non invasive, précise-t-il. Fuzionaire Dx souhaite élargir la panoplie de molécules permettant ce type d’examen non invasif. »

Fuzionaire Dx s’attend à ce que ses premiers radiotraceurs de précision atteignent l’étape des essais cliniques dans deux ou trois ans. « Nous prévoyons développer des radiotraceurs de précision pour de nombreuses maladies et pour un certain nombre de programmes de découverte de médicaments, ajoute Anton Toutov. Nous étendons nos travaux actuels aux laboratoires universitaires et au secteur privé dans le but de parvenir précisément à cette fin. »