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Sonder l’Atlantique Nord à la recherche d’indices sur les effets des changements climatiques

Les chercheurs déploieront des capteurs flottants de haute technologie pour obtenir un meilleur portrait des changements qui se produisent dans la composition chimique et la productivité des océans sous l’effet de leur réchauffement. Ils en diront également plus sur les répercussions de cette réalité sur la pêche.
Par
Sharon Oosthoek
Établissement(s)
Dalhousie University
Memorial University of Newfoundland
Province(s)
Terre-Neuve-et-Labrador
Nouvelle-Écosse
Sujet(s)
Océanographie
Une fine ligne blanche à l’horizon sépare l’océan bleu du ciel bleu

Dans les 2 000 mètres supérieurs de l’Atlantique Nord, une série de capteurs flottants à la dérive fournira bientôt des données détaillées sur les effets des changements climatiques sur les pêches lucratives de la région.

Dès l’automne prochain, les flotteurs Argo commenceront à effectuer des sorties hebdomadaires depuis les profondeurs de l’océan jusqu’à la surface de la partie nord-ouest de l’Atlantique Nord et de la mer du Labrador. En remontant, leurs capteurs miniatures mesureront l’oxygène, les nitrates, le pH, les particules en suspension, la chlorophylle, la lumière, la température et la salinité.

Ils transmettront ensuite ces données en temps réel par satellite à un réseau de scientifiques dirigé par deux océanographes, Katja Fennel, de l’Université Dalhousie, et Uta Passow, de l’Université Memorial. Les mesures les aideront à répondre aux questions pressantes concernant la productivité de la chaîne alimentaire marine et l’exportation de carbone.

« On s’inquiète de façon largement justifiée du fait que le réchauffement et l’acidification des océans diminuent la productivité, indique Katja Fennel, mais on ignore à quel endroit et à quel moment. »

Les mutations des océans sont des signes avant-coureurs

L’équipe des océanographes prévoit également mieux comprendre la quantité de dioxyde de carbone produit par les humains qu’absorbe cette partie de l’océan et combien de temps elle peut continuer à le faire. Ces données pourraient à leur tour éclairer les politiques de comptabilisation et d’échange du carbone.

Uta Passow explique que la zone d’étude est particulièrement importante, car elle comprend la mer du Labrador. Cette étendue d’eau compte parmi les régions océaniques cruciales où les eaux de surface refroidissent, coulent et contribuent à faire circuler les courants, un peu comme une courroie de transmission. Elle est une voie d’accès vitale pour l’approvisionnement en oxygène et pour le stockage du dioxyde de carbone dans l’océan. Elle est également très sensible aux changements provoqués par le climat.

« Elle relie tous les océans du monde, de même que les couches superficielles aux couches profondes, poursuit l’océanographe. Elle peut donc nous signaler des changements, comme un canari dans une mine de charbon. »

Se brancher sur un réseau océanographique existant

Le projet s’appuie sur le réseau international Argo, qui compte environ 2 000 flotteurs répartis équitablement dans tous les océans du monde. Si ces flotteurs recueillent la température et la salinité de l’eau depuis une vingtaine d’années, les nouveaux modèles de l’Université Dalhousie fourniront encore plus d’informations.

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« Le programme Argo est vraiment réussi, souligne Katja Fennel. Nous possédons maintenant 20 ans de données de base, et le nouveau capteur enregistrera six mesures supplémentaires. »

Déjà, de 300 à 400 de ces flotteurs perfectionnés sont en service, et l’objectif est de porter ce nombre à 1 000. Parmi les 40 flotteurs modernisés de l’équipe de recherche, 10 mesureront des profils plusieurs fois par jour, les seuls du réseau à le faire. Cet échantillonnage plus fréquent sera particulièrement utile pour surveiller les changements au printemps, lorsque les plus grandes proliférations d’algues se produisent.

« Nous voulons faire avancer la science et recueillir encore plus de mesures », conclut l’océanographe de l’Université Dalhousie.

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