La recherche menée au Canada améliore le monde dans lequel on vit puisqu’elle relève des défis comme la misère ou la pollution et déverrouille la porte qui nous conduit vers de nouveaux modes de vie plus sains et plus durables. Cependant, comme tout projet ambitieux, il faut de l’énergie, de l’espace et des matériaux pour mener la recherche à bien. Or cela laisse une empreinte carbone. Partant de ce constat, de nombreux laboratoires de tout le pays s’efforcent de réduire leur production de déchets et d’émissions afin d’atténuer leur incidence sur notre environnement.
Ici, nous voulons saluer certaines de ces initiatives vertes.
La région des lacs expérimentaux : multiplier les panneaux solaires pour remplacer le diesel
Cet été, la Région des lacs expérimentaux de l’Institut international du développement durable (IISD-ELA) (site en anglais seulement) commencera à installer des panneaux solaires qui fourniront 300 kilowatts d’électricité propre à l’ensemble de son site de recherche. Pour stocker cette énergie, il lui faudra concevoir, fabriquer et installer une batterie de 660 kilowatts-heures d’ici 2025.
Financé en partie par le Fonds des initiatives scientifiques majeures de la FCI, l’IISD-ELA regroupe un ensemble de 58 lacs naturels et leurs bassins versants situés dans une région reculée du nord-ouest de l’Ontario. Il s’agit du seul endroit au monde où les scientifiques peuvent mener des expériences sur de vrais lacs afin de brosser le tableau le plus précis et le plus complet possible de l’incidence à long terme de l’activité humaine sur nos ressources en eau douce (de la pollution aux changements climatiques). Doté de laboratoires, d’un réfectoire et de locaux d’habitation, l’IISD-ELA constitue une communauté autonome capable d’accueillir jusqu’à 60 membres de l’effectif de recherche.
En installant des panneaux solaires permettant une exploitation verte, l’IISD-ELA réduira de 80 % sa consommation de carburant diesel. Cette mesure permettra non seulement de diminuer les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi le bruit et la pollution de l’air résultant du fonctionnement des groupes électrogènes.
L’Université de l’île de Vancouver : produire sur place de l’azote gazeux pour faire faire à un laboratoire l’économie d’acheter et de gérer les bonbonnes de ce gaz
À l’Université de l’île de Vancouver, Kyle Duncan étudie, dans le cadre de son projet de recherche, les mécanismes moléculaires de maladies, telles que les tumeurs de l’ovaire. Le but est d’établir de nouvelles cibles thérapeutiques. Ses travaux s’appuient sur la spectrométrie de masse, un procédé qui nécessite de l’azote gazeux de grande pureté afin de visualiser la manière dont les métabolites, tels que les lipides, les sucres et les acides aminés, sont distribués dans les tissus humains.
Pour éliminer les coûts liés à la livraison de bonbonnes d’azote à son laboratoire de même que l’incidence de cette activité sur l’environnement, Kyle Duncan a entrepris de se doter d’un générateur d’azote. Cet équipement sépare sur place les molécules d’azote des molécules d’oxygène contenues dans l’air comprimé. La production d’azote au laboratoire présente un triple avantage sur le plan de l’environnement : elle permet d’enrayer les émissions produites par les camions de livraison qui déposent les bonbonnes d’azote et emportent celles qui sont vides; elle supprime le processus énergivore employé dans une usine d’azote commerciale, qui génère des déchets de dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre; enfin, elle détourne des dépotoirs les bonbonnes qui se dégradent au fil du temps.
Les universités Laval et Simon-Fraser : traiter efficacement la chaleur dégagée par les superordinateurs
Les superordinateurs sont des outils essentiels pour les chercheurs et chercheuses qui doivent effectuer des calculs complexes à partir d’ensembles de données volumineux, une tâche irréalisable avec un ordinateur conventionnel. Cette infrastructure permet de répondre à de nombreuses questions de recherche, de la modélisation moléculaire à l’intelligence artificielle. Or, tous ces calculs génèrent énormément de chaleur. En fait, les installations de ce type consomment environ deux fois plus d’énergie pour refroidir les serveurs de calcul que pour effectuer le calcul lui-même.
Colosse, le supercalculateur de l’Université Laval, fait bon usage de toute cette chaleur résiduelle en la redirigeant vers le système de chauffage du campus. Il en résulte une réduction annuelle des gaz à effet de serre équivalente à 245 tonnes de dioxyde de carbone. Le Cedar (site en anglais seulement) de l’Université Simon-Fraser utilise quant à lui des tours de refroidissement par évaporation qui refroidissent les serveurs, ce qui est plus efficace sur le plan énergétique et moins coûteux que l’air climatisé traditionnel. De plus, cette méthode réduit encore davantage les émissions de gaz à effet de serre, car elle utilise de l’eau au lieu de fluides frigorigènes nocifs.
Université d’Ottawa : poser des gestes simples
Au cœur de la plateforme technologique de biologie cellulaire et d’acquisition d’images de l’Université d'Ottawa, ce sont les petits gestes qui contribuent à la durabilité de l’infrastructure de recherche. Les chercheurs et chercheuses de la plateforme de microscopie optique multiplient les efforts pour obtenir de grands résultats. Parmi ces initiatives, citons les suivantes :
- Remplacer les lampes fluorescentes à vapeur de mercure par des diodes électroluminescentes (DEL);
- Éteindre les microscopes et les ordinateurs après chaque utilisation;
- Conserver les microscopes obsolètes en vue d’en recycler certaines pièces, de même que les cordons d’alimentation et les ventilateurs d’ordinateur pour réparer l’équipement utilisé au laboratoire;
- Entretenir et nettoyer régulièrement l’équipement afin de prolonger au maximum sa durée de vie;
- Recycler tout équipement ayant atteint la fin de sa durée de vie.
« Notre cas n’est pas unique, affirme Chloë van Oostende-Triplet, directrice de la plateforme. Mais quand on se préoccupe du sort de notre planète, chaque geste compte. »