Examiner le pouvoir du soutien interpersonnel
Katherine Tamminen s’est notamment penchée sur le retour à la maison après une partie ou une séance d’entraînement. Elle souligne que ce trajet peut constituer une occasion privilégiée de faire le point sur l’expérience de l’athlète et, pour les parents, de fournir une rétroaction positive. Mais c’est aussi un moment qui permet aux enfants d’apprendre à se calmer sur le plan émotionnel de même qu’à s’autoanalyser.
Grâce à l’équipement financé par la FCI, la chercheuse a pu aller au-delà des méthodes de recherche traditionnelles fondées sur des questionnaires et des entretiens approfondis, en installant des caméras GoPro dans les voitures des participantes et participants pour filmer de véritables conversations.
Bien que cette approche « sur le vif » présente certaines limites, les sujets étant au courant de la présence de caméras, elle permet de capter des interactions plus ouvertes et plus naturelles, des comportements non verbaux de même que le ton de la voix. Cette information permet de mieux comprendre la manière dont les parents pourraient mieux soutenir les jeunes athlètes.
Cette approche consiste notamment à tenir compte des conversations qui ne sont pas liées au sport afin de mettre les choses en perspectives et à donner des commentaires positifs pour compenser l’autocritique. Il s’agit également de poser des questions plus ouvertes et de donner aux jeunes le temps de réfléchir à leur expérience, ce qui favorise le développement d’habiletés en matière de régulation émotionnelle.
Les jeunes athlètes sont encore en train de développer ces habiletés, ce qui, selon Katherine Tamminen, « leur sera utile dans le sport, mais aussi dans la vie de tous les jours et à l’âge adulte ».
Parallèlement, pour déterminer dans quelle mesure les athlètes entre eux exercent une influence sur les émotions ressenties des autres membres de leur équipe, la chercheuse a réuni des jeunes dans une salle munie de caméras, les branchant à des moniteurs de fréquence cardiaque afin d’observer de quelle manière, saine ou malsaine, ils abordaient les facteurs de stress les concernant lors d’une discussion.
On a fréquemment observé une forme de rumination sociale, notamment lorsque les athlètes se plaignaient au sujet de problématiques communes. Ce comportement est sain jusqu’à un certain point. En effet, parler d’un entraîneur ou d’une entraîneuse excessivement critique ou de la nervosité ressentie avant une compétition permet de valider les expériences individuelles et de renforcer les liens au sein de l’équipe, explique Katherine Tamminen. Mais un déballage effréné peut risquer de plonger les athlètes dans un tourbillon de pensées négatives.
« Chaque individu ne vit pas le stress, les défis et les inquiétudes en vase clos, explique-t-elle. D’autres personnes contribuent à ces expériences de manière positive ou négative. »
L’enjeu, à mon avis, est de permettre à la génération qui grandit de devenir les personnes les meilleures et les plus équilibrées qui soient. »
– John Barrett, entraîneur-chef de l’équipe masculine de volleyball, Université de Toronto
Concevoir des outils à faible coût dans le domaine de la santé mentale
Tout compte fait,, Katherine Tamminen et son équipe souhaitent utiliser leurs données pour orienter les meilleures pratiques en vue de créer des milieux sportifs sûrs et sains sur le plan psychologique. L’équipe de recherche prévoit notamment élaborer une série de stratégies à faible coût fondées sur des données probantes afin d’aider les athlètes, les entraîneurs et entraîneuses, les clubs et les parents à gérer le stress.
Selon la chercheuse, le soutien de la FCI a joué un rôle crucial dans l’avancement de ses travaux de recherche. « Je ne sais pas comment j’aurais pu faire toutes ces recherches sans ce financement », dit-elle. Parallèlement, les projets financés par la FCI ont débouché sur d’autres occasions de recherche passionnantes.
Il y a peu, le laboratoire a en effet reçu des fonds de l’Institut de la science du sport Tanenbaum (en anglais seulement) afin de piloter un programme qui permettra d’intégrer des spécialistes de la santé mentale au sein d’organisations sportives de haut niveau pour les jeunes, et ce, afin de communiquer des renseignements aux athlètes et à leurs parents.
Aider les jeunes athlètes à devenir des adultes solides
John Barrett accueille avec enthousiasme toutes les idées que Katherine Tamminen peut lui soumettre. Selon lui, il est essentiel de continuer à apprendre pour pouvoir aider les athlètes à s’épanouir dans un milieu en constante évolution et à devenir des leaders solides.
Comme il le dit à son équipe au début de chaque saison, les choses se passent rarement comme on l’avait prévu, dans la vie comme sur le terrain. « En fait, le plus important n’est pas ce qui arrive, mais plutôt la manière dont nous réagissons à ces événements », affirme-t-il.
Et c’est là qu’avoir une bonne boîte à outils émotionnelle peut tout changer.
Je ne sais pas comment j’aurais pu faire toutes ces recherches sans ce financement [de la FCI]. Grâce à ce soutien, j’ai pu mener mes travaux, mais aussi nouer des partenariats de recherche et des collaborations avec divers établissements.»
– Katherine Tamminen, Université de Toronto
Le projet de recherche présenté dans cet article est également financé par le Conseil de recherches en sciences humaines et Sport Canada.