Suivre le déplacement des micronutriments
Dans le cadre d’un autre partenariat, Xiaopeng Gao et Martin Entz, phytologue également à l’Université du Manitoba, se penchent sur la manière dont l’agriculture biologique et diverses pratiques de rotation des cultures influent sur les concentrations de micronutriments dans le grain de blé.
L’équipe de Xiaopeng Gao met également au point différentes expériences afin de mieux comprendre comment les micronutriments se déplacent du sol aux racines de la plante. Pour ce faire, on ajoute un isotope de zinc dans le sol, ce qui permet de suivre le processus d’absorption par les racines.
L’équipe examine aussi dans quelle mesure les engrais à base de micronutriments pourraient améliorer la qualité nutritionnelle des cultures, une question peu étudiée, car les carences en micronutriments sont moins fréquentes que celles en macronutriments. En outre, elle étudie comment, s’il est présent en très grande quantité, le phytate, soit une forme de phosphore, se lie au fer et au zinc, nuisant à leur absorption lors de la consommation des céréales.
« Nous essayons d’établir un lien entre le sol et l’être humain, explique le chercheur. Il s’agit de la partie la plus novatrice et la plus passionnante de ce travail. »
Le financement de la FCI nous permet de mener des recherches novatrices, non seulement au Canada, mais dans le monde entier. Il y a très peu de personnes qui se penchent sur ces questions. »
– Xiaopeng Gao, Université du Manitoba
Décortiquer les effets des changements climatiques
Pour comprendre les effets des changements climatiques sur tous ces processus, Xiaopeng Gao mène des travaux de recherche dans une chambre de culture financée par la FCI. On peut non seulement y contrôler la température et le niveau d'humidité, mais aussi les concentrations de CO2. « Grâce à ces contrôles très précis, nous pouvons reproduire fidèlement les changements climatiques », explique le chercheur.
Ainsi, lui et son équipe cultivent des plantes dans des conditions bien définies à l’intérieur de cette chambre de culture. Une de leurs expériences vise à augmenter la concentration de CO2 et à réduire le niveau d’humidité afin de simuler un épisode de sécheresse; une autre, à reproduire une inondation et à étudier les effets d’un excès d’eau.
L’équipe de recherche prélève ensuite des échantillons de plantes à différentes étapes de leur croissance, les soumet à une digestion à haute température au moyen d’acides chimiques et les analyse afin de déterminer la répartition des micronutriments dans la plante en fonction de divers scénarios climatiques.
Pour une agriculture canadienne à la pointe du progrès
Ramona Mohr estime que de telles initiatives en matière d’agronomie sont cruciales pour le Canada, notamment en raison de l’arrivée sur le marché de nouvelles cultures et variétés ainsi que de l’évolution des processus agricoles et des conditions de croissance résultant des changements climatiques.
« Nous devons disposer d’une base de recherche solide qui oriente les pratiques mises en œuvre sur le terrain, et ce, non seulement afin de produire une culture de grande qualité au rendement élevé, mais aussi de faire en sorte que les exploitations agricoles y parviennent en demeurant rentables et économiquement viables et en préservant l’environnement », affirme Ramona Mohr.
Les travaux de recherche menés par Xiaopeng et son équipe sont importants. Nos systèmes de production agricole sont en constante évolution, et nous voulons nous assurer que nos pratiques de gestion des nutriments progressent au même rythme. »
– Ramona Mohr, Centre de recherche et de développement de Brandon, Agriculture et Agroalimentaire Canada
Le projet de recherche présenté dans cet article est également financé par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.