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Une double mission pour les établissements de recherche

Les campus des universités et des collèges ne se contentent pas de produire les nouvelles connaissances dont nous avons besoin pour un avenir plus vert : ils sont aussi des sites d'essai pour la mise en œuvre de ces connaissances dans la vie réelle

Les campus sont comme des mini-villes. Ils comportent des bâtiments, des routes, des espaces verts, des stationnements et, bien sûr, des personnes. Comme les villes, les campus sont des consommateurs d'énergie et des producteurs d'émissions, et doivent donc relever le défi de réduire leur empreinte carbone. Les campus ont toutefois un avantage indéniable: des laboratoires de recherche innovants et des personnes de talent.

Nos efforts collectifs pour lutter contre le changement climatique nécessitent de nouvelles connaissances issues de l'enseignement supérieur et de la recherche. Les établissements d'enseignement supérieur ont la responsabilité de produire de la recherche mais aussi de donner l'exemple de la manière dont les nouvelles idées peuvent être mises en œuvre dans la vie réelle. À cette fin, les établissements visent à devenir des modèles de durabilité et à servir de laboratoires vivants pour évaluer de nouvelles façons de construire des communautés neutres en carbone.

Dans tout le pays, des établissements ont adopté des pratiques visant à rendre leurs campus plus écologiques. Le Réseau universitaire de santé de Toronto, par exemple, a créé des jardins communautaires sur les toits du centre universitaire et du centre de réadaptation Bickel. L'Université York, également à Toronto, a mis en place un programme "zéro déchet", utilise des produits de nettoyage écologiques et gère l'éco-campus Las Nubes au Costa Rica afin de soutenir la protection des valeurs biologiques, écologiques et sociales de la réserve biologique du même nom. L'Université de l'Alberta, à Edmonton, applique également une politique "zéro déchet" et gère la Ferme urbaine des Prairies, qui vise à promouvoir des méthodes alternatives et régénératrices de production alimentaire dans les zones urbaines. L'Université Simon Fraser de Burnaby, en Colombie-Britannique, a signé la « Campagne Objectif zéro », soutenue par l’Organisation des Nations Unies, et s'est engagée à atteindre cet objectif d'ici à 2035.

Les établissements réévaluent également leur environnement physique et construisent de nouvelles installations durables qui servent de salles de classe et de laboratoires. Par exemple, l’édifice « Canal » de l'Université Carleton, à Ottawa, comporte des plantations expérimentales sur le toit, des stores solaires réglables et des jauges permettant de trouver la température optimale pour l'intérieur du bâtiment. Plusieurs universités, dont l’Université Memorial de Terre-Neuve, à St. John's, et l'Université Laval, à Québec, utilisent la chaleur générée par leurs ordinateurs à grande vitesse pour chauffer certains de leurs bâtiments. Les campus de tout le pays adoptent ces nouvelles technologies de construction, offrant aux corps étudiant et enseignant des environnements plus sains et plus durables pour apprendre et mener des recherches.

Les chercheurs, chercheuses et le corps étudiant de ces établissements contribuent également à faire progresser notre compréhension des causes et des impacts du changement climatique et à développer des approches et des technologies durables pour atténuer ces effets sur l'environnement et sur nos vies.

Au cours des dix dernières années, la Fondation canadienne pour l'innovation (FCI) a investi plus de 360 millions de dollars dans plus de 800 projets d'infrastructure de recherche menés dans 91 établissements à travers le Canada et destinés à relever les défis du changement climatique et de la durabilité environnementale. Ces investissements ont notamment permis de mettre au point des systèmes de recharge sans fil pour les véhicules électriques ; de mettre en œuvre des systèmes de biofiltration pour le traitement des eaux souterraines dans les régions éloignées ; d'intégrer aux sociétés minières des processus de biorestauration ; d'étudier la fonte de la glace de mer ; et de protéger les eaux côtières en étudiant l'impact environnemental d’espèces marines envahissantes introduites par l'eau de ballast des navires.

Dans le cadre du dernier concours du Fonds des initiatives scientifiques majeures de la FCI, qui soutient la recherche de pointe et favorise le transfert et l'application des connaissances au profit de la société, l'importance de la recherche environnementale était évidente. En effet, huit des 17 installations qui ont reçu un financement de la FCI sont axées sur des questions environnementales. Il s'agit du Réseau de contrôle océanique (OTN) de l'Université Dalhousie à Halifax ; des Réseaux océaniques du Canada de l'Université de Victoria en Colombie-Britannique ; de la Région des lacs expérimentaux de l’Institut international du développement durable, un laboratoire d'eau douce en plein air, unique en son genre, situé à Kenora en Ontario ; du brise-glace de recherche canadien Amundsen, qui étudie les incidences environnementales et socioéconomiques des changements climatiques sur les communautés et les territoires de l'Arctique ; et du Centre de génomique de la biodiversité de l'Université de Guelph, un chef de file mondial dans le développement et l'application de systèmes basés sur l'ADN pour pouvoir identifier les espèces.

Le 22 avril, nous verrons des étudiantes et des étudiants et le corps enseignant ramasser des déchets le long des routes et sur les berges des rivières, sur leur campus et dans leurs communautés. Leur contribution au développement durable ne s'arrête pas là. Ils et elles inventent chaque jour de nouvelles façons de vivre de manière durable. Pour eux, chaque jour est le Jour de la Terre. Nous sommes tous les gardiens de l'avenir, mais personne n'est plus engagé que le personnel de recherche, les étudiants et les étudiantes des collèges, des universités et des hôpitaux de recherche du Canada.

Les campus verts, les idées novatrices, les laboratoires vivants et la recherche font partie de la solution pour atténuer l'impact du comportement humain sur l'environnement. Ils sont essentiels pour améliorer notre qualité de vie et nous rapprocher chaque jour un peu plus d'un avenir net zéro. Voilà ce qui mérite d'être célébré à l'occasion de la Journée de la Terre.