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Le Canada doit mobiliser tous ses talents pour contrer la pénurie de main-d’œuvre

Le milieu de l’éducation, le monde des affaires et les gouvernements doivent saisir l’occasion et faire en sorte que les filles et les femmes prennent la place qui leur revient dans les sciences

Bien que la population canadienne soit l’une des plus instruites au monde, on observe toujours dans notre pays un écart de genre dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM). Le 11 février sera la Journée internationale des femmes et des filles de sciences. Il est essentiel de saisir cette occasion de faire bouger les choses pour atteindre la parité entre les genres à tous les niveaux de la recherche au Canada.

Nous avons besoin que les filles et les femmes se dirigent vers les STIM et qu’elles y soient bien accueillies. Elles contribuent non seulement en idées, en intelligence et en compétences, mais elles répondent aussi au besoin urgent du Canada en spécialistes du savoir. De récents résultats de l’OCDE montrent clairement qu’elles en ont la capacité, tant en mathématiques qu’en sciences. Nous devons désormais les considérer comme des partenaires égales et essentielles dans tous les domaines scientifiques.

L’automne dernier, la Fondation canadienne pour l’innovation a collaboré avec l’Acfas, une association québécoise qui œuvre pour l’avancement de la science, afin de connaître le point de vue de jeunes Canadiennes et Canadiens de 18 à 24 ans sur la science. Les résultats du sondage sont très encourageants. Ils révèlent en effet que l’intérêt des jeunes femmes pour les sciences est égal ou légèrement supérieur à celui des jeunes hommes. En fait, la majorité des répondantes et répondants soutiennent les sciences et considèrent qu’il s’agit d’un domaine intéressant pour faire carrière.

La nécessité de combler l’écart entre les hommes et les femmes en STIM revêt une nouvelle urgence, car nous avons plus que jamais besoin d’une main-d’œuvre hautement qualifiée pour stimuler la recherche et l’économie. Nous ressentons les effets de la pénurie de main-d’œuvre qui s’étend bien au‑delà de nos frontières. Les pays se livrent déjà une concurrence féroce pour attirer et retenir la main-d’œuvre innovante qui est au cœur des économies modernes. Pour maintenir son avantage concurrentiel dans les années à venir, le Canada devra s’efforcer de recruter toutes les personnes diplômées des collèges et des universités, surtout dans les domaines des STIM.

Et quel pourrait être un meilleur moment que celui-ci pour encourager les jeunes femmes à envisager une carrière en STIM? La pandémie a non seulement renforcé l’importance de la science, mais elle a également mis en lumière de nombreux modèles exceptionnels pouvant inciter les femmes et les jeunes filles à poursuivre des études scientifiques. Pensons notamment à des spécialistes de la santé comme Theresa Tam, Bonnie Henry, Vera Etches et Rochelle Walensky, ainsi qu’à des conseillères et des politiciennes comme Mona Nemer et Kirsty Duncan, pour n’en citer que quelques-unes. Le milieu de l’éducation, le monde des affaires et les gouvernements, fédéral et provinciaux, doivent saisir l’occasion et faire en sorte que les filles et les femmes prennent la place qui leur revient dans les sciences.

Parallèlement, nous naviguons dans un monde en mutation rapide où les conséquences sociales et économiques de la pandémie, combinées aux changements climatiques, aux questions de justice sociale et aux tensions mondiales, définissent notre parcours. Le changement s’accompagne toutefois d’occasions exceptionnelles de modifier la trajectoire de l’humanité. La recherche et la découverte sont des outils puissants pour inspirer une nouvelle génération. Qu’il s’agisse de promouvoir les sources d’énergie renouvelable, de bâtir une économie dynamique et une société plus inclusive ou de mettre au point de nouveaux médicaments pour lutter contre certaines maladies mortelles, la recherche offre la possibilité d’un avenir profondément différent du passé.

C’est l’occasion pour le Canada de reconstituer sa main-d’œuvre et de servir d’exemple au monde entier.           

Dans une société qui dépend de la technologie, si nous ne sommes pas en mesure de relever les défis de l’innovation et de la production dans les secteurs à forte valeur ajoutée, nous ne pourrons ni être des chefs de file ni réussir. Nous devons mobiliser les jeunes Canadiennes et Canadiens talentueux et compétents pour qu’ils envisagent un avenir dans la recherche et la découverte.

Les entreprises et les politiques fédérales reconnaissent que la parité hommes-femmes dans les conseils d’administration est la clé d’une plus grande réussite. Alors qu’attendons-nous? Exploitons dès maintenant l’immense potentiel des femmes et des jeunes filles et encourageons-les à s’orienter vers des carrières en STIM. Nous pourrons ainsi assurer la réussite du Canada à une époque où la science est plus pertinente que jamais. 

Cet article d’opinion de la présidente-directrice générale de la FCI, Roseann O'Reilly Runte, est paru à l’origine dans The Hill Times le mercredi 9 février 2022.