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Adieu les écrans bidimensionnels, bonjour l’holographie!

Deux installations de recherche à la University of Waterloo et à la University of Alberta jouent un rôle crucial dans la mission que s’est donnée une entreprise terre-neuvienne de devenir le chef de file des technologies holographiques
Établissement(s)
University of Waterloo
University of Alberta
Province(s)
Ontario
Alberta
Terre-Neuve-et-Labrador
Sujet(s)
Génie électronique
Un écran à l’horizontal entre deux mains, laissant s’échapper la silhouette holographique d’une ville

Ne serait-il pas plus amusant de regarder les séries éliminatoires de hockey si l’on pouvait voir la patinoire en trois dimensions sur sa table à café, avec des joueurs de 10 centimètres de haut visibles sous tous les angles? Imaginez que l’on puisse appliquer la même technologie holographique à l’imagerie médicale, et permettre ainsi à un radiologiste de guider le chirurgien grâce à une projection 3D d’une tumeur qu’il faut retirer. Ou qu’on puisse utiliser une projection 3D pour établir un dialogue entre un ingénieur en train de concevoir le plus récent moteur à réaction et les spécialistes de la maintenance qui lui indiquent où il faut placer les boulons pour un accès plus facile.

Nous ne sommes pas si loin de nouveaux outils de communication de l’information performants comme ceux-là, et une entreprise terre-neuvienne mise sur des outils de recherche évolués pour prendre les devants.

Avalon Holographics, dont le siège social se trouve à St. John’s, collabore avec des installations de nanofabrication à la University of Waterloo et à la University of Alberta afin de concevoir et de mettre à l’essai des dispositifs nanométriques pour les technologies d’affichage holographique. Ces dispositifs produiront un affichage réaliste « quasiment identique à l’objet réel », dit le président de la société, Wally Haas.

Auparavant, l’holographie s’appuyait sur un système de miroirs pour manipuler la lumière et créer un effet tridimensionnel, explique Greg Holloway, chercheur à l’installation Quantum NanoFab de Waterloo. Or, il est possible de réaliser une projection 3D beaucoup plus fidèle au moyen de structures nanométriques à l’échelle de la longueur d’onde de la lumière. Quand on les éclaire, les structures font dévier la lumière, ce qui produit une projection 3D; c’est un peu le même principe que pour une boite à musique optique.

Les structures sont essentiellement de petites colonnes montées sur du verre que M. Holloway sculpte pour leur donner la forme désirée au moyen d’un procédé de lithographie qui utilise un faisceau d’électrons à haute énergie pour éliminer de la matière. Le dispositif obtenu, d’une taille de 100 microns, est à peine visible.

Neuf des quarante employés de l’entreprise travaillent aussi à mettre au point des dispositifs holographiques au nanoFab Fabrication & Characterization Centre de la University of Alberta, la plus grande salle blanche du pays à vocation industrielle.  

Wally Haas explique que ces installations de recherche sont indispensables au succès de son entreprise. La précision de l’équipement de lithographie par faisceau d’électrons de Waterloo permet ainsi à Avalon de perfectionner ses technologies au-delà de ce que la société aurait pu faire autrement, poursuit-il. Des appareils comme celui-là sont plutôt rares et parfois « couteux et délicats », ce qui rend les capacités et l’expertise de l’installation de Waterloo encore plus précieuses. Il insiste également sur l’importance de l’installation de la University of Alberta. « Sans cette ressource, nous fermerions nos portes. Nous sommes chanceux d’avoir accès à un centre de cette taille et doté de telles capacités; s’il existait plus d’installations comme celle-là au Canada, il y aurait plus d’entreprises en démarrage comme la nôtre. »

Même s’il reste encore du travail à faire avant de pouvoir regarder les séries éliminatoires en 3D, Wally Haas a confiance dans les dispositifs que fabrique sa société. « Dans mon esprit, ce n’est plus une question de technologie, dit-il, mais plutôt du temps et de l’argent qui seront nécessaires pour être prêts à commercialiser cette technologie. Ce n’est vraiment qu’une question de temps. Nous sommes sur la bonne voie. »