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Les partenariats intelligents sont les assises de notre prospérité

Au Canada, de nombreuses réussites commerciales sont nées de la rencontre entre la recherche scientifique et l’entrepreneuriat. La création de…

Au Canada, de nombreuses réussites commerciales sont nées de la rencontre entre la recherche scientifique et l’entrepreneuriat. La création de grappes d’expertise où des chercheurs et des entrepreneurs collaborent pour trouver des solutions à d’importants enjeux est un secteur de croissance prometteur offrant une multitude d’occasions, ici même, à Ottawa.

La recherche en santé, par exemple, se transforme grâce aux progrès considérables réalisés dans les domaines de la génomique, des dispositifs médicaux, de la médecine personnalisée, de l’épidémiologie et de la biotechnologie. Pensons au laboratoire spécialisé en manipulation biophysique d’Andrew Pelling, à l’Université d’Ottawa, où des chercheurs transforment des idées dignes de la science-fiction en réalités scientifiques par des questions audacieuses comme : Peut-on produire des cellules nerveuses dans des tiges d’asperges pour réparer des nerfs endommagés ou traiter des lésions de la moelle épinière?

Les communications constituent un autre secteur en plein essor en raison d’appareils toujours plus petits, plus rapides et plus conviviaux qui produisent des signaux plus forts, de qualité supérieure et dont la portée est toujours plus grande. Aujourd’hui, c’est le 5G, mais la génération 6G et les prochaines sont déjà à notre porte. Et ces avancées auront des répercussions importantes sur tous les secteurs. Au Collège Algonquin, par exemple, un groupe de recherche utilise les technologies de communication dans le domaine de la construction pour améliorer la prise de décision relative aux projets et la collaboration sur le terrain à l’aide de la technologie mobile.

La réhabilitation de l’environnement, la réduction de la consommation d’énergie et les sources d’énergie renouvelables vont également dépendre des nouvelles technologies et méthodes d’extraction. Les personnes qui font le trajet de l’aéroport d’Ottawa au centre-ville remarquent souvent le Centre Urbandale sur la recherche en énergie domestique de l’Université Carleton — la maison aux volets rouges située au nord du campus sur l’avenue Bronson. Des chercheurs y mettent à l’essai de nouvelles méthodes de chauffage et de refroidissement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur de l’habitation.

Mais comment relier la recherche et le développement? Comment produire l’étincelle pour lancer des recherches prometteuses et mettre les chercheurs en contact avec les entreprises qui commercialiseront des produits et des services novateurs?

Un potentiel inexploité

Plusieurs théories sont mises de l’avant : combler la pénurie de compétences, améliorer les politiques sur la propriété intellectuelle ou accroître les investissements du secteur privé et le capital-risque.

Mais passons de la théorie à la réalité. Aujourd’hui, les occasions d’apprentissages abondent; pratiquement toutes les universités canadiennes offrent des cours d’entrepreneuriat. Les occasions de collaboration sont également nombreuses. Il existe en effet plus de 1500 entreprises établies dans 26 parcs de recherche universitaires comptant 65 000 employés et générant près de 4,3 milliards de dollars du produit intérieur brut annuel. Or, il y a plus de 100 universités au Canada, ce qui signifie que les trois quarts d’entre elles pourraient encore créer des emplois et produire des revenus additionnels.

La Fondation canadienne pour l’innovation, pour sa part, a conçu le Navigateur, un outil en ligne gratuit qui permet aux entrepreneurs et aux manufacturiers de prendre contact avec des chercheurs et des laboratoires de pointe. Ainsi, une entreprise nécessitant un équipement spécialisé et souvent coûteux n’a qu’à saisir quelques mots clés dans le moteur de recherche pour trouver des laboratoires partout au Canada qui ont la capacité et la volonté de lui donner un coup de pouce. Les entreprises peuvent ainsi demeurer dans leur région et prospérer tout en ayant accès à des installations de recherche de pointe et à l’expertise dont elles ont besoin.

On peut cependant faire davantage. En explorant les occasions qui s’offrent à l’international, il est possible d’augmenter ses ventes et une entreprise de démarrage peut étendre son marché au-delà de sa région. Des réseaux et des partenariats sont ainsi créés, y compris des versions régionales des supergrappes d’innovation du Canada – un programme fédéral qui réunit des innovateurs et des chercheurs dans le but de concevoir des stratégies audacieuses et ambitieuses pour dynamiser l’innovation dans divers secteurs partout au pays. Enfin, cela permet aux entreprises de tirer avantage des multiples occasions de développement offertes par la plupart des paliers de gouvernement.

Nous pouvons également promouvoir une culture axée sur l’exploration en collaboration qui encourage les chercheurs et les étudiants talentueux, les entreprises et les chefs de file de l’industrie à se réunir, comme cela se fait lors des « Mardis technos », à Kanata, pour réseauter, imaginer et favoriser la valorisation de la recherche.

En fin de compte, il s’agit d’appuyer le talent et les personnes capables de voir grand. La région d’Ottawa a l’avantage d’avoir une population très instruite, des universités, des collèges et des hôpitaux de recherche. Notre région est un véritable incubateur d’idées. Ne soyons donc pas seulement la capitale du Canada, mais soyons aussi une inspiration pour l’ensemble du pays.

Roseann O’Reilly Runte est présidente-directrice générale de la Fondation canadienne pour l’innovation.

Cet article a été publié dans l’édition de juin 2019 du Ottawa Business Journal.